La
Défense
Le
quartier de la Défense
L'Etat a
décidé en 1958 de doter Paris d'un quartier moderne de bureaux (et de
logements) en poursuivant l'"axe triomphal" vers l'ouest.
L'opération délimita un périmètre de 750 hectares
empiétant sur les communes de Courbevoie et Puteaux alors peuplées de
petits pavillons, et sur Nanterre occupée par des bidonvilles. Elle a
pris le nom de la Défense en raison de la statue de la
Défense de Paris érigée à cet emplacement en 1883 à la
mémoire de la guerre de 1870 (statue située aujourd'hui près du
bâtiment d'Info Défense).
L'EPAD, Etablissement
public d'aménagement de la Défense (www),
mit en oeuvre intégralement les principes du "mouvement
moderne" exprimés dans la charte d'Athènes en 1933. Inspirée
par le Corbusier, celle-ci préconisait l'absence de rues, la
construction de tours en hauteur pour favoriser la lumière, la
séparation des piétons et des voitures par le recouvrement des
circulations (RER, train, métro, routes) d'une dalle piétonne
entourée par une autoroute circulaire ; enfin un processus de
construction industrialisé. Le premier plan directeur de 1960
prévoyait la construction d'un quartier complet comprenant 800.000 m2
de bureaux, 5000 logements et des commerces autour des jardins
"suspendus". Les premières
tours furent donc construites dans le
"style international" : volumes simples et géométriques, hauteur
limitée à 100 m (CNIT, tours Roussel-Hoechst, Europe, EDF, Aurore,
Crédit Lyonnais, Nobel) (elles seront signalées par un 1).
A la fin des années
1960 face à l'augmentation de la demande, l'EPAD double la surface
autorisée de bureaux (plus de 2 millions aujourd'hui) et accepte
l'augmentation des gabarits, favorisant un foisonnement des volumes et
des couleurs (ce sont les tours de la "2è
génération" (2),
comme les tours GAN, FIAT). C'est alors que la Défense est frappée par
une double crise, économique et architecturale. En effet avec le choc
pétrolier, le coût d'entretien et de climatisation devient prohibitif.
De plus, les employés rejettent ces tours gigantesques, les grands
bureaux paysagers impersonnels, l'éclairage permanent au néon, la
mauvaise insonorisation et la climatisation fantaisiste, sans compter la
peur de la "tour infernale". En 1976, alors que les bureaux
manquent à Paris, 100.000 m2 de bureaux restent vides à la Défense,
qui apparaît comme le symbole de la faillite de l'architecture moderne.
Le projet redémarre
au début des années 1980 avec le grand centre commercial des
Quatre-Temps. Les tours de la "3è
génération" (3)
sont étudiées pour être économes en énergie et pour répondre aux
demandes des employés : elles se fractionnent, s'amincissent, se
complexifient pour assurer un éclairage naturel à tous les bureaux
individuels (tours PFA, Elf). La consécration se fait avec
l'aménagement de la "Tête-Défense" et la construction de la
Grande Arche en 1989. Aujourd'hui, le quartier accueille 150 000
salariés diurnes sur 2,1 millions de m² construits et les habitants de
30 000 logements.
L'esplanade est
ponctuée de sculptures de
plein air de Calder, Takis, Miro.
Les
projets actuels
Le
projet de la Tour sans fin de Jean Nouvel semble abandonné : la tour
devait s'éclaircir et devenir transparente en s'élevant vers son
sommet à 400
m.
Davantage
d'actualité, l'extension du quartier d'affaires sur la commune de Nanterre
a connu de multiples péripéties. Décidé en 1990 par Delebarre,
ministre de l'Equipement, le projet prévoyait la construction de 600
000 m² de bureaux et 1,2 millions de m² de logements, (occasionnant
d'ailleurs en 10 ans pour 40 millions de francs d'études prospectives).
Entre-temps, emmenée par la maire communiste Jacqueline Fraysse, la
mairie de Nanterre a combattu ce "bétonnage" qui avait en
outre l'inconvénient de faire venir de nouvelles classes moyennes...
Depuis 2000, la nouvelle zone d'aménagement de l'"Arche-Défense-Seine"
est réduite à 100 hectares,
la ville de Nanterre recouvrant sa "souveraineté" sur
l'urbanisation des autres 500 hectares concernés. L'ampleur du
prolongement de la Défense est donc revue à la baisse : il est
désormais prévu seulement 600 000 nouveaux m². L'opération sera
menée par un nouvel établissement public d'aménagement qui remplacera
l'EPAD (www).
Pour sa part, Nanterre
prévoit de mettre l'accent sur "les transports collectifs et les
liaisons douces", les lieux de promenade et de détente. Ainsi, un
vaste parc de 39 hectares devrait voir le jour en bordure du fleuve sur
un km de long. Réalisé pour l'instant par l'EPAD, le parc sera ensuite
rétrocédé au Conseil général.
(Départ au niveau
du métro Grande Arche de la Défense. Derrière la Grande Arche, en la
longeant à gauche, on voit les sculptures
de Takis sur la droite...) (Et
sur la gauche...)
"La
Pacific", Japan Tower, quartier Valmy
(3)
(architecte Kiso Kurokawa,
1992)
L'architecte
a interprété la culture japonaise dans le même concept que la Grande
Arche. Situé au bord du boulevard circulaire, dont il reprend
l'arrondi, le bâtiment s'inspire du Chu-Mon, le portail
symbolique qui marque l'entrée dans le salon pour la cérémonie du
thé, et ouvre ici sur le nouveau quartier de Valmy. L'immeuble est
traversé d'un escalier qui débouche sur un pont enjambant le
boulevard, "inspiré des ponts japonais traditionnels, à dos rond
et fines structures". La façade en verre "laisse apparaître
une deuxième cloison intérieure, réinterprétation en acier et
plastique translucide de la traditionnelle porte en papier encadrée de
bois". Enfin, un jardin japonais très minéral a été installé
sur le toit, ainsi qu'un restaurant japonais. Sur le parvis, les marches
doivent pouvoir servir de gradins pour des représentation de théâtre
Nô.
(Derrière...)
2-Tours
Jumelles de la Société Générale (3)
(architectes Andrault et Parat,
1995)
Immeuble
CBC 8, rue Félix Pyat à Puteaux
(architectes Andrault et Parat, 1990)
(En
revenant vers la Grande Arche, sur la droite...)
(nouveau)
3- Dôme
Imax,
la colline de la Défense, 1 place du Dôme
(tél. 08 36 67 06 06)
L'écran hémisphérique permettant un angle de vision de 180° est
fermé depuis décembre 2000 pour d'importants travaux de réfection.
N'ayant pas attiré les foules, l'ancien musée
de l'automobile créé par le conseil
général des Hauts-de-Seine en 1991 pour présenter 110
voitures de collection, a été fermé
définitivement.
4-
La grande Arche, 1 parvis de la
Défense (3)
(www)
(architecte Otto von Spreckelsen, 1989, tel. 01 49 07 27 57)
La
décision de placer un cube évidé qui ferme symboliquement la
perspective tout en laissant passer le regard, permit de dépasser 20
ans de polémiques sur la question de l'ouverture ou de la fermeture de
l'axe historique de Paris. Légèrement désaxé, ce qui révèle son
volume, il est de proportions colossales, bien plus que les deux autres
arcs de triomphe (à 110 m de haut,
le toit est accessible par les ascenseurs
panoramiques). Revêtu de marbre
blanc de Carrare, de granit gris et de vitrages réfléchissants, il
offre 115.000 m² de bureaux. Sa construction fut un exploit technique
de la part de l'architecte, qui abandonna le projet quand celui-ci fut
en partie amputé.
Sources d'Europe
(tel. 01 41 25 12 12, ouvert 10.00-18.00 sauf samedi dimanche) : centre
d'information et d'exposition sur l'Europe
Centre de
documentation en urbanisme (CDU), Pilier
nord de la grande Arche (tel : 01 40 81 21 22 ou 01 40 81 11 78, ouvert
mardi-vendredi 9.30-17.30, www).
(De
part et d'autre de la Grande Arche...)
Bureaux "Les
collines" (3)
(architectes Buffi et Lenormand, 1990)
Tour SFR Cofira,
avenue de la Division Leclerc (3)
(architectes Andrault et Parat,
1990)
5-
CNIT, Parvis de la Défense
(1)
(www)
(architectes
Bernard Zehrfuss, Robert Camelot et Jean de Maily, ingénieur Esquillan,
baies vitrées de Jean Prouvé, 1958,
réaménagé en 1989 par Zehrfuss et Andrault, Parat, Lamy, Torrieri)
Le
Centre des Nouvelles Industries et Technologies devait être une salle
d'exposition la plus vaste possible, sans point d'appui, sur un terrain
triangulaire. Prouesse technique pour l'époque, la voûte de béton de
230 m de portée, montée fuseau par fuseau, est formée de deux voûtes
superposées. Elle repose sur trois point d'appui reliés par de
puissants câbles qui les empêchent de s'écarter l'un de l'autre. Au
début grand espace non divisible, le CNIT était vide 9 mois sur 12. Le
volume a été fractionné en 1989 pour créer un hôtel, divers
services et surtout pour permettre de plus petites expositions.
(nouveau)
Eglise
Notre-Dame-de-la-Pentecôte, coin Est du CNIT
(ouvert 8.00 à 18.00 sauf samedi et dimanche)
(architecte Franck Hamoutène, mobilier Pierre Sabatier, 2001)
La
nouvelle église devait d'abord répondre à une volonté de discrétion
et d'humilité de la part de son commanditaire, François Favreau,
évêque de Nanterre. Elle devait également parvenir à exister
par rapport aux énormes masses qui l'entourent. Extérieurement,
l'architecte a choisi la solution d'un petit cube grisâtre et austère.
Même la croix géante de l'entrée, seul signe indiquant la fonction
religieuse du lieu, se détache à peine du camaïeu de gris de la
façade de béton. L'architecte a cherché à "mettre en valeur des
lumières plus que l'église elle même". L'intérieur se veut un
parcours vers le recueillement : d'abord un grand porche facile à
traverser, puis un "hall au plafond bas et à la lumière
tamisée" où se trouvent des salles de réunion. Enfin l'église,
"fermée, secrète, éclairée par une lumière laiteuse"
provenant d'un mur translucide, sandwich de lamelles de marbre et de
verre.
Le bâtiment a coûté 40 millions de francs,
pris en charge à 20% par le diocèse de Nanterre et 80% par les
Chantiers du Cardinal, l'association responsable des constructions pour
l'archevêché de Paris. Le mobilier a été financé par des lecteurs
du Pèlerin Magazine et de Bayard Presse. Destinée aux 150 000
salariés du quartier d'affaires qui viennent fréquenter les
conférences et les repas pour réfléchir, l'église n'est pas une
paroisse : nul curé pour accueillir et organiser, mais une soixantaine
de bénévoles laïcs se relayant sous leur écharpe rouge.
6-
Tour
Framatome (anciennement Fiat) (2)
et tour Elf (3),
place de la Coupole
(architectes Roger Saubot et François Jullien, 1974
et 1985)
Deux
tours jumelles (même hauteur de 180 m, même surface de 100 000 m2)
construites par les mêmes architectes mais à onze ans d'intervalle.
Influencés par le monolithe noir du film de Stanley Kubrick 2001,
l'Odyssée de l'espace, les architectes de Fiat ont voulu
"marquer d'un point fort le sommet de la Défense, avec un monument
qui tire sa puissance de son dépouillement total". Pour obtenir ce
volume pur, les architectes ont gommé tous les détails de la façade,
notamment en donnant aux verres (fumés) la même couleur noire que la
façade de granit. La tour Fiat est typique des tours de la "2è
génération" (grande taille et grande épaisseur,
bureaux-paysagers de près de 2000 m2, entretien coûteux). C'est
pourquoi la tour Elf, de la "3è génération" est plus fine,
fractionnée, ces nouvelles formes étant des "réponses à des
contraintes bien précises", selon la démarche fonctionnelle.
(Devant
les deux tours...)
7- Info
Défense
L'espace
d'exposition raconte l'histoire de la Défense à l'aide de maquettes,
de photos, et distribue un plan détaillé.
Coeur
Défense
(architecte Jean-Paul
Viguier, www,
1998)
Pour remplacer
l'immeuble Esso, premier bâtiment du début des années 1960 à être
détruit, l'architecte a conçu deux tours jumelles pour pouvoir faire
des "bâtiments très fins". En effet la structure en Z qui
les relie en léger décalage permet cette finesse, de même qu'elle
permet d'"ouvrir complètement les façades en les libérant de
toute structure" et de leur donner une allure "lisse".
Les deux tours sont posées sur 4 bâtiments bas, contenant une place
couverte de 44 m de haut (plus que la nef de Notre-Dame).
On
longe ensuite les tours de la "première
génération", à droite :
tour Crédit Lyonnais
(8).
A gauche : tours Europe, EDF,
Aurore (1)
Puis à droite la tour
Total
(3)
, 24 cours Michelet (architectes
Jean Willerval, H La Fonta, Andrault et Parat, 1985)
(Sur
la gauche...)
9- Tour
Manhattan (2)
(architectes Michel Herbert et Michel Proux, 1975)
Refusant
"la monotonie des volumes parallélépipédiques" encore de
règle au milieu des années 1970, rejetant "la raideur de l'angle
droit au profit de la courbe", les architectes ont voulu "des
volumes qui poussent de l'intérieur". En outre, "plus un
bâtiment est grand, plus il doit se dépouiller de détails pour
affirmer un effet de silhouette". Ainsi les menuiseries
métalliques réduites à leur strict minimum ne font que dessiner
"sur le bâtiment une trame légère qui en souligne les
volumes" (ci-contre à droite).
A gauche la tour GAN
(2).
(Sur la droite...)
10- Immeuble
Athéna (anciennement PFA) (3),
quartier Michelet
(architecte Jean Willerval, 1985)
Pour assurer à
chaque bureau un éclairage naturel, il fallait une grande surface de
façade, d'où la forme triangulaire (sur un terrain triangulaire),
comme un "cristal à facettes" qui constitue un
bâtiment-phare aux avant-postes de la Défense. Pour éviter "la
sécheresse inhérente à un grand plan de verre, la façade est comme
un livre ouvert sur l'esplanade, avec un sillon central entre les pages
et des volumes arrondis qui captent les jeux de la lumière et des
nuages".
11-
Tour Roussel-Hoechst
(anciennement Nobel) (1)
(architectes Jean de Mailly et Jacques Depusse,
ingénieur Jean Prouvé, 1966)
Ce
signal du nouveau quartier en arrivant de Paris a été considéré à
sa naissance comme une "adaptation à l'esprit français des
gratte-ciel américains". Les architectes ont arrondi les angles
"pour adoucir la brutalité de la forme
parallélépipédique", en étant obligés de recourir à un
verrier américain. Sa façade, en "mur-rideau",
est composée de panneaux articulés spécialement étudiés par Jean
Prouvé pour permettre à sa structure entièrement métallique de
bouger librement sans endommager les vitres et le revêtement, autour
d'un noyau porteur en béton.
Devant, sculptures de Takis.
On peut repartir de la
Défense par le bus n° 73 qui suit un parcours plaisant jusqu'à Orsay
(sauf le dimanche).
Sites
internet sur la Défense
Epaladefense.fr
- Site bien documenté de l'Etablissement
public d'aménagement de la Défense : actualités, renseignements
pratiques, les acteurs, l'histoire de la Défense, trois dossiers sur
l'avenir.
http://eras.free.fr/html/ld.html
- Site sur les architectes de la Défense. |