De la place
de Stalingrad à la Villette : autour
de l'avenue Jean-Jaurès
(Départ place de
Stalingrad, métro Stalingrad...)
1- Place de Stalingrad et bassin de la
Villette
La rotonde de la place de Stalingrad fut construite en
1789 par Ledoux
pour surveiller les deux barrières d'octroi
contrôlant les deux routes vers la Flandre et vers
l'Allemagne. Trois ans plus tard, la rotonde échappe aux
destructions des Parisiens qui mettent le feu au mur des fermiers généraux, symbole de la fiscalité royale
haïe. Elle est transformée ensuite en caserne de
gendarmerie. Quand le métro de Paris est construit en
1902, on décide de raser la rotonde ; mais au dernier
moment on se ravise et on fait faire trois virages au
métro aérien : d'où l'enchevêtrement actuel...
Aujourd'hui, la place de Stalingrad a été réaménagée
(en 1989) par Bernard
Huet : la Rotonde,
restaurée, est occupée par la Commission d'évaluation
du Vieux Paris et une grande place piétonne a été
créée.
Le canal de l'Ourcq fut percé en 1808 entre l'Ourcq et la Seine
pour approvisionner Paris en eau potable et créer une
voie de navigation. Géomètres dans l'âme, les
ingénieurs de l'Empire creusèrent le canal dans l'axe
de la Rotonde. Avec la révolution industrielle, les
ateliers de mécanique et de chaudronnerie remplacent la
campagne, les entrepôts s'installent sur les berges, 10
000 péniches déversent chaque année leur cargaison de
céréales, charbon et matériaux de construction, les
usines produisent du sucre et des bottines. Depuis 1985,
les berges ont été élargies, les quais repavés. Les
immeubles délabrés, les anciens entrepôts et l'usine
des eaux qui empêchaient de voir l'eau depuis la rue ont
été démolis, sauf deux entrepôts bas qui accueillent
désormais activités de loisir liées au canal : club
d'aviron, de canoë-kayak.
A l'autre bout du bassin s'étend l'ancienne
commune de la Villette, devenue centre industriel car ne
payant pas l'octroi, l'impôt sur les marchandises
entrant dans Paris. En témoignent le pont levant
hydraulique de la rue de Crimée (1885), les deux
bâtiments des anciens magasins généraux visibles sur
la "rive droite" : c'était des entrepôts de
sel, de sucre et de céréales. On hissait directement
les sacs des péniches avec des poulies. Les projets de reconversion
avec ateliers d'artistes n'ont pas abouti : l'un des entrepôts a brûlé
en 1990, l'autre est abandonné aux pigeons et surtout aux graffitis et
pochoirs (www).
Une piste
cyclable
longe de manière agréable et intéressante le canal de
l'Ourcq jusqu'à Meaux. Elle commence le long du quai de
la Loire.
Base nautique de la
Villette
Le bassin de la Villette et ses canaux adjacents se
prêtent désormais aux activités nautiques et aux
promenades sur l'eau .
Club
d'aviron et de canoë-kayak, quai de la Loire
(tel. 01 42 40 29 90)
Navettes
de la Villette, 5 bis quai de la Loire
Mini-croisière entre le Parc de la Villette et la
rotonde de Ledoux.
Croisières
Canauxrama, 5 bis quai de la Loire (www)
(métro Jaurès, tel. 01 42 39 15 00)
Croisières sur le canal Saint-Martin, sur le canal de
l'Ourcq vers la Brie.
Croisières
Paris-Canal, 19 quai de la Loire (www)
(tel. 01 42 40 81 60 ou 01 42 90 96 97)
Croisières sur la Seine et le canal Saint-Martin.
Croisières
Canal de l'Ourcq
(tel. 01 60 01 13 65)
Croisières-déjeuner.
(Laisser à gauche l'avenue Jean-Jaurès
et s'engager dans l'avenue Armand Carrel...)
2-
Conservatoire
municipal de musique et de danse, 81 rue Armand Carrel
(architecte Fernand Pouillon, 1987)
La
fausse coulée d'eau est la reprise d'un thème cher à
Ledoux, auteur de la rotonde place de Stalingrad. Le
porche d'entrée veut créer "un moment
d'émotion" par sa "symbolique
théâtrale": une sorte de fond de scène blanc est
couronné par le "symbole des orgues du temple de la
danse". Faute de moyens, le bâtiment n'est que
plaqué de pierre.
Logements,
73-77 rue Armand Carrel
(architecte Christian de
Portzamparc, 1990, www)
En
poursuivant la rue Armand Carrel, on débouche sur une place où les architectes contemporains se sont
inspirés des HBM en brique existants. (D'abord à gauche...)
3- Logements, 12 rue Lally-Tollendal
(architectes Daufresne et Le Garrec,
1996)
Pour
leurs logements PLI
("intermédiaire"), les architectes ont gardé
la même logique d'implantation en "plots" que
les HBM de 1930 voisins. Ils ont respecté aussi leur
tonalité de brique, les 4 ouvertures par niveau (mais
plus grandes), tout en ajoutant deux ateliers plus
contemporains au sommet.
(En face...)
Logements,
64 rue de Meaux
(architectes Renzo
Piano et Bernard Plattner,
1991)
Inspirés
aussi des HBM, les volumes sont plus géométriques et
épurés. Les logements entourent le square des bouleaux,
fermé par une grille.
Immeuble de bureaux
(Artisan taxi), 66 rue de Meaux
(architectes Francis
Soler, Jérôme
Lauth, 1990)
Sur
la rue de Meaux, la façade en verre (éclairée le soir)
permet de voir le mouvement des circulations
intérieures, les escaliers, les ascenseurs. Sur la rue
Armand Carrel la façade en béton blanc, "pliée et
tendue", est plus douce.
Continuer
la rue de Meaux et prendre la première rue à gauche. Au
bout du passage de Melun s'élève un immeuble en brique
claire ouvragée de la fondation
Marie Souvestre, datant de 1906. Une coursive court
au dernier étage. Rejoindre l'avenue Jean-Jaurès.
4-
Caisse d'allocations
familiales, 67 avenue Jean Jaurès
(architecte Michel Herbert, 1984)
Pour
construire un "immeuble d'Etat", l'architecte a
dessiné de "hautes verticales", il a utilisé
du béton clair incrusté de marbre, qui fait sentir
toute la densité des formes sculptées, et évoque la
pérennité de l'institution, mieux qu'une façade de
glaces". Mais il l'a voulu aussi tourné vers
l'accueil des familles : d'où la luminosité, la
finition "soigneuse du béton bien poli et des
arcades douces".
Juste
après la CAF, tourner à gauche dans la villa Rémi
Belleau. Traverser le jardin. En face commence l'immeuble d'Edith
Girard, mais tourner d'abord à droite rue Pierre Reverdy.
5- Collège Sonia Delaunay (extension),
14 rue Euryale Dehaynin
(architecte Henri
Gaudin, 1987)
Pour
donner du volume à la façade sans utiliser les
corniches et les sculptures d'autrefois, l'architecte
donne de légers mouvements aux parois, par une
"opposition entre géométrie curviligne et
géométrie droite". Pour "ne pas brouiller les
volumes", les matériaux sont très sobres :
céramique écrue mate et faïence blanche brillante, les
mêmes harmonies que dans les anciennes constructions
parisiennes.
(Rejoindre le quai du bassin...)
6- Logements sociaux,
64 quai de la Loire
(architecte Edith Girard, 1985)
Vu
depuis le quai, le bâtiment de gauche "offre à
tous ses occupants l'eau du bassin de la Villette au pied
de leur moquette", grâce à de grandes baies
vitrées et des appartements traversants. A droite, la
construction en U autour d'une cour "joue sur
l'échelle et entend brouiller les cartes en supprimant
la notion d'empilement" : les regroupements par
volumes et teintes "déterminent visuellement trois
niveaux (7 réellement), donnant l'impression d'un
immeuble accroché à son toit massif".
L'articulation entre les deux bâtiments laisse "un
angle ouvert, grande échappée visuelle vers la Rotonde
de Ledoux, au bout du bassin".
Le quai de la Loire est désormais une promenade ombragée. Le suivre vers la Villette
jusqu'à la rue des Ardennes, qui permet de rejoindre
l'avenue Jean Jaurès.
7-
Logements sociaux et
école, 162 avenue Jean-Jaurès
(architecte Georges Pencreac'h, 1985)
L'immeuble joue "au fondu
enchaîné" pour mieux s'intégrer à l'alignement
de l'avenue. En hauteur, "il assure naturellement la
transition avec ses voisins ayant respectivement 3 et 6
étages. Même principe pour la façade : le maillage en
béton clair laisse progressivement la place, dans les
étages supérieurs, à la façade en béton
gris-bleu" (comme le toit voisin). Le décalage
entre les deux "peaux" crée des "visions
différentes selon le point de vue". Les cages
d'escalier vitrées "forment la nuit deux colonnes
de lumière".
(Revenir un peu en arrière pour prendre
à gauche la rue d'Hautpoul...)
8-
Collège Georges
Brassens, 51-55 rue d'Hautpoul
(architecte Manolo Nunez-Yanowsky, 1994)
Auteur
des célèbres "camemberts" de
Marne-la-vallée, inspiré par la bande dessinée,
l'architecte a voulu un bâtiment qui "étonne les
élèves et éveille leurs rêves et leur
imagination". Il a voulu aussi un bâtiment qui soit
"accueillant aux promeneurs", grâce à sa
façade courbe donnant sur la petite place publique. Le
bâtiment en béton blanc a été "moulé sur place
comme une grande sculpture", pour obtenir une
meilleure résistance au temps. La poutre métallique,
"corniche flottante" qui couronne et signale le
bâtiment, s'éclaire la nuit, ainsi que les poteaux de
la clôture.
A gauche de l'allée Darius Milhaud, on peut emprunter la
passerelle qui longe le cimetière de la Villette en
contrebas. Le mur est troué de fenêtres en grillage.
9-
Logements sociaux,
26 32 38 44 allée Darius-Milhaud
(architecte Claude
Vasconi, 1989)
"Faire
une rue, c'est assurer une continuité sans
répétitivité". Les quatre immeubles séparés par
des espaces verts sont "presque identiques sans
l'être tout à fait", chacun individualisé par les
différences d'ouvertures des fenêtres, les variations
des courbes et contre-courbes. Recherchant la
"générosité des formes", les façades sont
couvertes de céramique blanche "pour la brillance
et la pérennité". Le mobilier urbain est de Alain
Sarfati.
Poursuivre l'allée Darius Milhaud, bordée d'autres
immeubles des années 1980-1990. Elle débouche sur la
place du général Cochet, marquée par une semi-rotonde
moderne.
(Poursuivre par l'allée Honegger, qui
passe sous...)
10-
Hôtel Holiday Inn
et bureaux, 218-228 avenue Jean-Jaurès
(architecte Christian de
Portzamparc, www,
1993)
L'architecte de Portzamparc a eu
l'occasion rare d'"organiser de manière cohérente
une entrée de Paris". Pour éviter que sa Cité de
la musique ne soit "écrasée" par cette
nouvelle construction beaucoup plus haute et plus dense,
l'architecte l'a fractionnée : verticalement, l'hôtel
et les bureaux occupent chacun un bâtiment. Mais
horizontalement, ils sont posés sur un seul socle : la
pierre, les arrondis et l'oblique du toit font écho aux
volumes de la Cité de la musique. Au lieu d'une
"symétrie statique", l'architecte a voulu
créer une unité par la "convergence des
mouvements" obliques et courbes (la façade
ondoyante de l'hôtel).
L'entrée du mail planté qui va de la place du général
Cochet à l'avenue Jean-Jaurès se fait par un grand
passage sous l'hôtel, signalé par le large arrondi du
socle, "signal très urbain d'un changement
d'échelle".
Eglise Sainte-Claire, 179 bd Sérurier
(architecte Le Donne, 1956)
(Juste à côté de l'Holiday Inn...)
Lycée technique
d'Alembert, 20-22 sente des Dorées
(architecte Pol Abraham, Pierre Tabon,
1938)
A
l'inverse des discrètes "écoles Jules Ferry",
les nombreuses écoles qui furent construites dans les
années 1930 s'affirmèrent comme des monuments publics :
par leur taille de forteresse, par leur composition
symétrique, ici rythmée par les cages d'escalier-tours
et les deux auvents marquant l'entrée, l'une pour les
filles, l'autre pour les garçons.
(En face, à gauche du conservatoire...)
Logements sociaux et
bureau de poste, avenue Jean Jaurès
(architecte Aldo Rossi, 1991)
L'architecte a construit un quartier autour
d'un jardin intérieur, construit de maisons. Nourri
d'histoire, il a cherché a retrouver "les
éléments forts de l'identité parisienne" :
façade alignée sur la rue, hautes fenêtres, pierre,
toits arrondis en zinc. Sur l'avenue Jean Jaurès, le
cylindre de métal bleu qui abrite le bureau de poste,
est une "reprise de la rotonde haussmannienne".
(Incursion juste au delà du
périphérique porte de Pantin...)
11-
Logements sociaux,
3 rue Jean Lolive à Pantin
(architectes Paul Chemetov,
Christian Devillers, Valentin Fabre, Jean Perrotet, 1981)
Le bâtiment est "colossal", pour
"avaler" visuellement une tour voisine de 23
étages" et pour répondre à la demande de forte
densité de la municipalité. Pour "apporter de
l'ordre dans le chaos d'un environnement hétéroclite,
l'immeuble est soigneusement mis en scène". L'angle
très arrondi permet la continuité entre Paris et
l'entrée de la ville de Pantin. Les briques sont un
"salut aux HBM de la ceinture rouge, de l'autre
côté du périphérique".
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